Déploiement des bornes de recharge

Déploiement des bornes de recharge pour véhicules électriques : les copropriétés n'auront bientôt plus le choix.

Les copropriétaires sont à la traîne pour déployer des bornes de recharge dans leur sous-sol ou leur parking extérieur.

Président du conseil syndical d’une résidence de 35 lots à Levallois-Perret (92), Jean-Sébastien, est plutôt confiant. Après 2 ans d’efforts, il a réussi à convaincre les copropriétaires d’équiper le parking d’une solution collective de bornes de recharge électrique. La question va être débattue à la prochaine assemblée générale prévue au printemps, qui doit s’exprimer par un vote à la majorité simple de l’article 24. « Il nous reste 4 mois pour présenter un dossier solide. Nous allons faire le tour des opérateurs proposant un service de recharge. Mais aussi voir s’il n’est pas plus intéressant de s’adresser à Enedis – si le syndicat décide de faire appel au gestionnaire du réseau public pour l’installation ». Une chose est sûre : « Il n’est plus réaliste d’équiper l’immeuble au cas par cas. De plus en plus de propriétaires ou de locataires ayant opté pour un véhicule électrifié veulent pouvoir le recharger chez eux. Le télétravail a changé la donne ».

Une demande en hausse constante

Un constat corroboré par les chiffres, en constante progression. « Près de 60 % des possesseurs et utilisateurs de véhicules électriques habitant en résidence collective procèdent, aujourd’hui, à au moins une recharge principale par semaine dans leur immeuble », confirme Frédéric Milcent, responsable du déploiement des infrastructures de recharges pour véhicules électriques (Irve) en résidentiel collectif chez Enedis. Rien d’étonnant alors que les besoins augmentent. Le nombre de véhicules électriques et hybrides en circulation dépasse 1,4 million, tandis que les nouvelles immatriculations supplantent désormais celles des voitures au diesel. Ce, malgré le frein du prix à l’achat. Ce verrou pourrait d’ailleurs progressivement sauter avec le lancement, prévu pour 2026, d’une voiture électrique à moins de 20 000 € annoncé le 15 novembre dernier par Renault, leader des constructeurs français avec sa filiale spécialisée, Ampere.

« L’équipement des copropriétés en bornes de recharge est un réel enjeu. » David Rodrigues juriste spécialiste du logement à l’association CLCV

C’est au conseil syndical de prendre la température des besoins collectifs de l’immeuble. Inscrire rapidement la question d’une installation à l’ordre du jour – quitte à se prononcer sur les offres l’année d’après – évite qu’un résident n’invoque son droit à la prise, ce qui peut générer des difficultés ultérieurement. Mieux vaut aussi s’équiper avant l’afflux des demandes à l’échéance de 2035 !

Des copropriétés encore réticentes

Encore faut-il que les copropriétés s’équipent. Or, malgré le bond des demandes d’installation depuis 2 ans dans les immeubles, les copropriétaires sont encore à la traîne pour déployer des bornes de recharges dans leur sous-sol ou leur parking extérieur. Alors qu’un Français sur 2 vit en immeuble collectif, ils ne représentent que 15 % des possesseurs de véhicules électriques. Ce qui peut expliquer pourquoi le message tarde encore à passer. « Les grandes villes peuvent se retrouver paradoxalement moins bien équipées que les campagnes, où l’habitat en maison prédomine. Le coût d’installation de points de recharge dans un immeuble reste pourtant faible », pointe Antoine Herteman, président d’Avere-France, une association nationale qui finance le déploiement des bornes de recharge dans le cadre des certificats d’économie d’énergie (CEE). D’autant que des aides existent. Les copropriétés n’auront d’ailleurs bientôt plus le choix, puisque la commercialisation des véhicules neufs 100 % thermiques sera interdite en Europe à compter de 2035, au profit des véhicules neutres en carbone, notamment électriques. « La transition sera d’autant plus simple que le développement des infrastructures pour la recharge des véhicules électriques aura été anticipé », souligne Antoine Herteman.